La circulation du professeur au sein de la classe
Lors de mes observations, j’ai pu noter que la professeure ne se déplaçait que peu lors de ses cours, s’adressant la majeure partie du temps aux élèves depuis son bureau, sur lequel elle était assise. Comme mentionné précédemment, la disposition des tables est selon moi un des facteurs principaux du peu de déplacements qu’elle effectue. Avec certaines classes difficiles, dont il n’est pas chose aisée de capter l'attention, ne pas effectuer beaucoup de déplacements pendant le cours peut aussi être un moyen de garder l’attention des élèves focalisée sur un point immobile (le professeur statique) et ne pas les disperser, dans la mesure où ils regardent tous dans la même direction et focalisent donc leur attention sur la même chose, oubliant un tant soit peu leurs camarades de classes, souvent sources de distraction. A l’inverse, l’on peut penser aussi que se déplacer partout dans la classe la majeure partie du cours permet d’assurer une présence dans l’espace de la classe, rendant l’autorité du professeur presque omniprésente, à défaut de pouvoir être omnisciente tant il ne peut pas tout savoir, voir ou entendre. J’ai pu observer que lors des activités individuelles des élèves, dès que nous étions plusieurs à passer voir les élèves pendant qu’ils travaillaient, les perturbations de cours se faisaient beaucoup plus rares. En effet, à chaque coin de la classe se trouvait un adulte (nous étions 4 : la professeure et 3 stagiaires) ce qui rendait la moindre « tentative » de comportement risquée car très visible et donc pouvant être sanctionnée ou simplement reprise. Au-delà de cela, je pense que notre présence a été décisive non pas pour l’effet « police » qu'elle a pu générer mais parce que l’attention que les élèves recevaient les captaient complètement et que ceci leur donnait envie de travailler davantage, afin que nous continuions à rester à leurs côtés. Pour preuve, un élève de SEGPA assez difficile à canaliser dans une classe déjà compliquée à gérer s’est montré bien plus calme et investis lorsque je m'installais à côté de lui, se montrant travailleur quand je l’accompagnais mais aussi lorsque j’allais voir d’autres élèves, lui confiant la simple tâche de continuer l'exercice en attendant mon retour. Pour revenir à notre propos, soit à la circulation du professeur en classe, j’ai aussi pu établir un comparatif avec mon expérience d'élève en collège. En effet, lorsque j'étais élève, la norme était que les élèves dits perturbateurs se placaient au fond de la salle de classe afin d’être loin du tableau et du professeur, donc loin de "l'épicentre" du cours. Ainsi, ils pouvaient ne pas travailler sans attirer l’attention du professeur, se faisant parfois presque oublier. La circulation du professeur à travers la classe prenait alors tout son sens, afin d’assurer sa présence à l’arrière de la salle, ne laissant pas penser aux élèves que cet espace leur appartenait. Dans les classes de Mme Sbraggia, les élèves perturbateurs sont presque constamment aux premiers rangs, ce qui explique aussi peut-être le fait qu’elle n’aille que peu à l’arrière de la classe. Après un cours avec une classe de 5ème SEGPA très dissipée, je demandais à mme Sbraggia pourquoi les élèves qui avaient le comportement le moins adapté étaient regroupés aux quelques bureaux les plus proches du bureau du professeur et pourquoi elle ne les déplaçait pas. Elle me répondit qu’ils étaient placés à cet endroit à dessein parce que lorsqu'ils étaient dispersés, leur comportement gangrenait toute la classe. Ainsi, les sachant regroupés et proches d’elle, elle pouvait davantage les surveiller et les reprendre plus facilement lorsque c’était nécessaire. Ceci étant, j’ai trouvé que la solution n’était pas optimale tant elle créait une sorte d’épicentre de la perturbation du cours. Instaurer un climat peut-être plus strict au sein de la classe et les disperser aux premiers rangs (afin qu’ils puissent se sentir concernés par le cours), tout en se montrant bienveillant et attentifs à eux aurait été à expérimenter. Bien entendu, il ne s’agit pas là de critiquer l’ambiance de classe qui dépend souvent de la personnalité du professeur. Les disperser ne serait-ce qu'au premier rang aurait permis de briser la synergie créée du fait qu'ils soient les uns à côté des autres. Aussi, les placer au même endroit peut aussi être un risque : dans la mesure où ils riraient et discuteraient sans écouter le cours, ils accapareraient l'attention de la professeure qui pourrait ainsi délaisser -inconsciemment- le reste de la classe.
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